L’ANSES vous rassure sur votre téléphone mais pas sur vos chargeurs USB. Explications.
Le 26 novembre 2025, les médias ont annoncé : l’ANSES affirme qu’aucun lien de cause à effet n’a été établi entre les ondes des téléphones mobiles et le cancer.
Cette nouvelle pouvait sembler rassurante, mais soulève une confusion fréquente : toutes les ondes ne se valent pas. Le spectre électromagnétique est vaste, et chaque fréquence a ses effets spécifiques sur l’organisme.
Le rapport de l’ANSES concerne uniquement les hyperfréquences, c’est-à-dire les ondes (RF) telles que celles des téléphones 4G/5G, du Wi-Fi ou des antennes relais.
Pour bien comprendre la différence, imaginez deux bruits : celui d’un « sifflement aigu » continu, comme une roulette de dentiste, le sifflement continu d’un vieux téléviseur cathodique allumé, ou l’alarme insupportable d’un magasin qui sonne en permanence qu’on finit par ne plus entendre (hyperfréquences), et celui d’un « marteau-piqueur » qui frappe 50 fois par seconde sous vos pieds — grave, qui secoue et épuise (très basses fréquences, ELF).
C’est exactement ce qui se passe dans votre environnement : les hyperfréquences provoquent surtout un léger échauffement, sans preuve de cancer selon l’ANSES. Mais les très basses fréquences, créées notamment par les chargeurs USB, câbles électriques et transformateurs, génèrent des champs qui traversent votre corps et préoccupent les experts depuis des années.
Ce que l’ANSES dit depuis 15 ans sur le « marteau-piqueur »
Le rapport du 26 novembre 2025 ne mentionne jamais les très basses fréquences. C’est un sujet complètement séparé, traité dans d’autres rapports publiés en 2010, 2013 et 2019.
Contrairement au sifflement aigu, l’ANSES maintient ses alertes sur les très basses fréquences.
Les enfants de moins de 5 ans vivant à moins de 50 mètres de lignes haute tension voient leur risque de leucémie multiplié par 2,6. En France, 40 000 enfants de moins de 15 ans sont concernés ce qui a amené l’autorité sanitaire à recommander de « ne pas implanter de nouvelles écoles près des lignes haute tension par précaution« .
L’exposition professionnelle aux très basses fréquences est aussi significativement associée à la sclérose latérale amyotrophique, avec un risque doublé pour les personnes fortement exposées.
Les chargeurs USB : source majeure d’ELF méconnue
Le grand public ignore souvent que les chargeurs génèrent une pollution électromagnétique basse fréquence (ELF). C’est pourtant clairement indiqué dans l’ouvrage de référence « Au cœur des ondes » (Ndagijimana & Gaudaire, Dunod 2013) qui identifie les principales sources domestiques d’émission ELF.

Le tableau 12.1 classe les équipements selon trois bandes spectrales. Dans les basses fréquences (<300 Hz), on trouve prioritairement : le réseau électrique haute tension, les réfrigérateurs et congélateurs, puis les alimentations électriques et chargeurs, avant même les plaques à induction pourtant réputées très « polluantes ».
Cette classification par des experts en Compatibilité Électromagnétique confirme que les chargeurs USB contribuent à la pollution ELF domestique que l’ANSES associe depuis 2010 aux risques de leucémie infantile. Une révélation publiée dès 2013, simultanément au rapport ANSES AP2013SA0038Ra, mais restée méconnue du grand public.
Deux problèmes distincts, deux approches différentes
En résumé : l’ANSES vous rassure sur le « sifflement » des téléphones (hyperfréquences RF, aucun lien cancer établi), mais maintient depuis 15 ans que le marteau-piqueur (ELF) pose problème pour les enfants et certains professionnels exposés.
Les chargeurs USB sont une source domestique majeure d’ELF, un problème documenté et distinct que l’ANSES n’a jamais nié.
Ne laissez pas la confusion médiatique vous tromper : rester vigilant sur les sources basses fréquences à la maison reste essentiel pour la santé.
