Ce que vous devez savoir sur les oreillettes sans fil…
Quelques jours après leur sortie, les écouteurs sans fil développés par Lidl passaient sur le banc de test de l’UFC-Que Choisir. Information relayée par le magazine PhoneAndroid qui écrit « Dans son test, l’UFC juge tout simplement l’accessoire catastrophique malgré quelques bons points ».
En y regardant de plus près, il s’avère que les tests réalisés par UFC-Que Choisir ne concernent que les qualités audio, le confort et les possibilités de réglage par une éventuelle application. L’exposition aux ondes électromagnétiques ne fait malheureusement pas partie des critères de test.
Nous avons donc mesuré le rayonnement de telles oreillettes (en l’occurrence des AirPods Apple) au détour d’un diagnostic en Alsace. La vidéo ci-dessous parle d’elle-même…
Que doit-on en retenir ?
- Les écouteurs émettent sur la fréquence 2,4 GHz (la même que les micro-ondes) dès l’ouverture du boitier.
- La communication Bluetooth est permanente après appairage avec le smartphone.
- Le niveau de rayonnement dépend de la distance de l’antenne de l’AirPod (située dans la partie droite de l’oreillette). A environ 2 cm, le rayonnement fait saturer notre équipement de mesure à 20mW/m2, soit environ 2,8 V/m.
- A titre de comparaison, on a le même niveau de pollution électromagnétique qu’à environ 40 mètres d’une antenne relais 5G (voir #lamesuredujour « Vos enfants aiment-ils les cocktails? »)
Comment expliquer qu’un appareil miniaturisé puisse générer autant d’énergie qu’une antenne relais?
L’émetteur intégré aux AirPods est un Bluetooth de classe 1. Il peut donc transmettre avec une puissance de 100mW (0,1W).
L’émetteur intégré aux Ecouteurs Sans Fil Lidl est un Bluetooth de classe 2. Il peut donc transmettre avec une puissance limitée à 20mW (0,02W) et il échappe ainsi de l’obligation de mesure de DAS.
La puissance d’une antenne relais incluant des émetteurs 2G, 3G, 4G et 5G peut aller jusqu’à 50000 W selon notre confrère David BRUNO. C’est 500 000 fois plus puissant que l’émetteur Bluetooth des AirPods!!!
Mais il faut savoir que le niveau d’énergie décroit très rapidement avec la distance.
Les plus à l’aise avec les mathématiques retiendront que la puissance décroit comme le carré de la distance.
Mais les détracteurs argumenterons qu’à 40 m d’une antenne relais, c’est l’ensemble du corps qui est exposé à la pollution électromagnétique alors que, dans le cas de l’AirPod, ce n’est « que » le cerveau. Factuellement, ils ont raison. Mais n’est-ce pas notre cerveau qu’il nous faut protéger en priorité ?
Téléphoner avec des oreillettes sans fil ou avec le téléphone à l’oreille, lequel est le « moins pire » ?
Une première approche consiste à comparer les puissances maximales d’émission, la distance avec la boite crânienne étant similaire dans les deux cas.
0,02W pour les oreillettes, 2W pour le téléphone, c’est donc un facteur 100 qui sépare les deux protagonistes (ou x50 si l’on considère qu’il y a deux écouteurs !!)
On pourrait donc en conclure qu’il est moins dangereux de téléphoner avec des AirPods qu’avec le téléphone à l’oreille… Erreur ! Ça reviendrait à ne pas tenir compte du temps d’émission. Rappelez-vous: le bluetooth, c’est tout le temps et ça commence dès que vous sortez les AirPods de leur étui. Pour le téléphone, ça correspond grosso modo à votre temps de communication (surtout si vous coupez la data sur vos smartphones). De fait, les AirPods peuvent être globalement plus nocifs… mis à part pour les inconditionnels qui passent leurs journées pendus au téléphone (à l’oreille).
Il est cependant difficile de trancher de manière catégorique car il faudrait prendre en compte l’influence de la fréquence ou de la forme de modulation (très différentes entre le Bluetooth et la téléphonie mobile) sur le vivant. L’équation est complexe mais les scientifiques auront certainement les idées plus claires dans ce domaine d’ici quelques années.
En attendant, il convient d’appliquer le principe de précaution: « moins je m’expose, moins mon corps souffre ».
Que pouvons-nous conclure?
Nous l’avons vu, les appels avec le téléphone à l’oreille ou avec des oreillette sans fil nous exposent à des doses importantes de rayonnement électromagnétique haute fréquence.
Téléphoner en mode « mains libres » permet d’éloigner le téléphone du cerveau, réduisant ainsi la dose… mais ce n’est pas toujours très pratique lorsque d’autres oreilles (indiscrètes) se trouvent à proximité.
Restent les oreillettes AVEC fil… Le choix est immense et certains fabricants proposent même des oreillettes équipées de fils qui ne s’emmêlent pas. Pratique non?
Les personnes Electro Hyper Sensibles (EHS) choisiront probablement des oreillettes stétoscopiques qui ont la particularité d’éloigner les éléments électriques du cerveau… mais dont la qualité sonore ne conviendrait probablement pas non plus aux testeurs d’UFC-Que choisir!
Une question de priorité donc… quelle est la votre?
#lamesuredujour #zerowavezone #episode17
Commentaires au sujet du protocole de mesure qui n’utilise pas d’analyseur de spectre, d’antenne calibrée ni de chambre anéchoïque soulevé par Claude Bureau sur facebook auquel nous répondons ici:
Monsieur, vous faites bien de soulevez les approximations liées aux mesures CEM effectuées avec des équipements différents des analyseurs de spectres + antennes calibrées.
Tout d’abord permettez-moi de préciser que je connais très bien ce type de mesures pour en avoir effectué sur des émetteurs satellitaires installés sur des avions selon la norme ED14/DO160 sections 18 à 23.
Le fait d’avoir de potentielles réflexions sur les murs (à plus de 2m soit près de 20x la longueur d’onde) ne change absolument rien à la mesure. Donc, pas besoin de chambre anéchoïque à ces fréquences là.
Pas non plus besoin d’analyseur de spectre dans la mesure où l’équipement ne mesure que la puissance dans la bande des 2.4GHz puisque j’utilise le filtre FF10 (https://www.gigahertz-solutions.de/en/measurement/high-frequency/accessories/463/ff10) placé entre l’antenne et le wattmètre. C’est même plus fiable qu’un analyseur avec un SPAN de quelques MHz.
Enfin, l’antenne utilisée est de type UBB27 pour laquelle le récepteur RF59B a été calibré (le mois dernier) mais en champs lointains bien sûr.
Vous trouverez ici https://fccid.io/BCG-A2032/Test-Report/12458150-E5V4-FCC-BLE-Final-4210532 le rapport de test « officiel ». Si j’ai bien tout compris, il arrive plus ou moins aux mêmes conclusions en utilisant les équipements et le protocole de mesure que vous évoquez !!
Selon la doc des airPods https://manuals.info.apple.com/MANUALS/1000/MA1920/en_US/airpods-pro-rci.pdf en page 5, on note qu’Apple les a déclaré en Classe 1 (<100mW) !!
Les mesures FCC donnent "Power output 21.04 mW"
Donc oui, vous avez raison, la mesure effectuée reste "approximative", pas du tout pour les raisons que vous évoquez, mais uniquement parce qu'elle est effectuée en champs proches. Dans cette zone (à moins de 2.5 x la longueur d'onde), la seule "vraie" mesure est le "SAR" ("DAS" en Français). Et malheureusement pour nous, le DAS augmente énormément si l'on rapproche l'oreillette au contact de la peau… ce qui est le cas de 100% des oreillettes !!
Je pense que, au delà de l'approximation de la mesure, il est important que l'on retienne qu'un "petit émetteur" placé à proximité du cerveau peut être aussi nocif qu'une "puissante antenne" relais placée à plusieurs dizaines de mètres.
J'espère que sur ce point vous ne me contredirez pas !!!